Ce qui fait le caractère spécial de la Felsenkirche, c’est d’abord sa position: au creux d’une grotte, environ 50 m au-dessus du lit de la rivière et environ 50 m au-dessous d’une ruine de château fort. Ce n’est pas étonnant que depuis des siècles les gens se fassent des idées sur cette position de sorte qu’ au fur et à mesure plusieurs versions d’une légende se sont manifestées dont l’histoire essentielle dit qu’un jour deux frères de la maison des Seigneurs d’Oberstein tombèrent amoureux de la même jeune fille et qu’un des deux élimina son rival en le poussant d’une fenêtre du vieux château fort. C’était à cause de ses remords que le fratricide, juste à l’endroit où le frère sacrifié mourut déplorablement, commença avec ses propres mains, à travailler au ciseau le rocher pour y faire un creux énorme et n’arrêta pas jusqu’à ce qu’il finît par construire à cet endroit exceptionnel une Maison de Dieu. Bien sûr, ce n’est qu’une légende pieuse qui, ne seraitce que pour des raisons qui appartiennent aux sciences physique et naturelles (la construction d’une grotte – d’environ 25 m de long, 17 m de profondeur – d’une hauteur au milieu d’environ 12 m = de 5000 mètres cube dans cette pierre dure – porphyrit avec une résistance à la compression de 2400 kg/mètre cube) manque de substance réelle et qui, sur le plan historique, n’est point à justifier. D’autre part il est vrai qu’il y eu une fois un assassinat parmi les parents des Seigneurs de Oberstein: Vers 1328/29 un certain Wirich von Daun a été assassiné par un cousin éloigné qui s’appelait Eberhard Bossel von (Ober-) Stein. Cependant, la victime n’est pas morte parce qu’elle a été poissée du rocher, mais on l’a tué en la frappant dans son lit en pleine nuit.

Mais évidemment, cet événement n’a rien à voir avec la construction de la Felsen­kir­che. La construction initiale qu’il y avait dans cette niche naturelle du rocher, était vraisemblablement une fortification. Ce que I’on peut remarquer quand on regarde l’église aujourd’hui, c’est le mur bouclier ex­trêmement puissant (jusqu’à la hauteur de la corniche [annot. 4 du traducteur: le ter­me ‘Kaffgesims’ est traduit d’après le sens] épais de 1,90 m) et les trois orifices qui ressemblent à des fenêtres à meurtrière et qui laissent supposer qu’à l’origine il s’agissaix ici d’une forteresse. Cette hypothèse est également renforcée par le fait que toutes les distances entre les fenêtres à meurtrière, les fenêtres de la sacristie, les colonnes de la nef centrale et les arcs-doubleaux ne sont pas identiques (voir plan horizontal et coupe transversale) ce qui serait extrêmement étrange pour une église de cette époque. Au cas où il s’agirait d’une fortification par contre, il serait aussi plausible que l’on y disposaît d’une certaine chapelle qui, lors d’une modification postérieure (1482/84), a été intégrée à la «nouvelle» église.

Querschnitt

Vue en coupe de la Felsenkirche qui illustre très bien le ‘trou’ dans le rocher.
En effet, plus d’une fois, on trouve à Oberstein des annotations parlant du ‘château fort inférieur dans la vallée’ et dans ce contexte, le terme ‘das Loch’ [le trou] nous paraît très significatif. Il est sûr que l’expression ‘im Tale’ (dans la vallée) décrit une position à l’intérieur des murs de la ville postérieurs et il n’y a rien de plus logique que de la chercher dans la grotte du rocher.